Partir voyager seul, du jour au lendemain à l’autre bout du monde, tout quitter pour être libre, cela en fait rêver plus d’un. Ça peut paraître très simple et même arriver sur un coup de tête. Pourtant, peu d’entre nous franchissent le pas. Et pourquoi ?
Lorsque je rencontre des personnes qui m’envient, je leur demande pourquoi ne pas le faire aussi. Qu’est-ce qui les retient ? Et je les entends souvent répondre :
- « Oui, mais pas seul ».
- « Voyager seul, c’est ennuyant non ? »
- « Je n’en serais pas capable »
- « J’aurai trop peur »
Cette dépendance de l’autre a freiné de nombreux rêveurs. Il n’est pas toujours facile de trouver un partenaire idéal pour nous accompagner, surtout pour un long voyage très loin. Cela suppose d’avoir quelqu’un avec qui l’on s’entend parfaitement, ayant les mêmes disponibilités, aux mêmes moments et avec les mêmes envies.
Autant dire une équation quasiment impossible à résoudre sans faire de sacrifices.
Qu’est qui paraît si triste ou effrayant dans l’expérience d’un voyage seul ?
- Des responsabilités à assumer seul
- La peur de l’inconnu
- La peur de la solitude
Pour moi, tenir absolument à emmener un ami avec soi en voyage c’est une façon de ne pas accepter totalement le nouvel univers que l’on va rencontrer.
C’est en quelque sorte emporter un peu de « chez-soi » avec soi.
La personne avec qui l’on part est quelqu’un qui nous comprend, qui partage notre culture et parle notre langue. On va s’appuyer sur elle lors de difficultés.
C’est une manière de refuser de s’adapter à l’univers auquel on va être confronté.
Bien-sur, que ce soit en solo ou à plusieurs, il y a des avantages comme des inconvénients à ces deux types de voyage.
Ce sont deux expériences très différentes, tout dépend de ce que vous recherchez et de vos motivations : si c’est l’envie de partager des moments forts avec des amis, des personnes que vous aimez ou si ce voyage est plus personnel.
Cependant, à plusieurs, il est aussi toujours possible de se séparer pour se retrouver plus tard sur la route. C’est un bon compromis pour avoir ses petits moments à soi.
Il est néanmoins important de partir avec un compagnon qui soit lui-même capable d’assumer un voyage seul. C’est sûrement la première condition.
Le voyage à plusieurs ne doit en aucun cas être choisi par défaut, parce que l’on ne se sent pas capable de partir seul. Cela représenterait de bien trop lourdes responsabilités à avoir envers la personne qui n’est pas autonome. Celle-ci prive l’autre de sa liberté, ce qui est impossible à vivre sur le long terme et surtout dans le cadre d’un voyage. C’est probablement le meilleur moyen de finir par ne plus se supporter.
En revanche, lorsque l’on choisit de voyager seul, on n’a personne qui partage ses sentiments à son retour et qui peut nous comprendre entièrement. C’est parfois difficile à accepter et frustrant.
Mais pour moi voyager seule est une expérience plus profonde et plus forte, c’est pourquoi j’ai tenu à partir en solo lors de mon premier grand voyage de deux mois en camion autour de l’Europe.
Évidemment, la première fois que j’ai eu à partir seule, j’ai aussi douté. Je me suis demandée, ce que j’allai bien pouvoir faire toute seule, ou comment aller à la rencontre des autres sans leur paraître étrange ou complètement perdu ? J’avais peur que ce ne soit pas évident.
1 – Voyager seul vous permet finalement de faire beaucoup plus de rencontres
J’ai pu me rendre compte que seule il était très facile de faire des rencontres. Et à ma grande surprise, j’ai même pu remarquer que j’en faisais beaucoup plus que lorsque je voyageais accompagné de quelqu’un ou bien encore lors de mon quotidien quand je sortais avec des amis.
Et pourquoi ça ?
On s’aperçoit lorsque l’on est seul que l’on ressent le besoin d’échanger avec les autres, comme si c’était un instinct de survie ancré en nous.
Si l’on ne cherche pas à rentrer en contact avec quelqu’un plus d’une journée ou deux cela nous manque.
En comparaison, deux amis pourront largement s’autosuffire en conversations.
C’est la raison pour laquelle, seul, on sera à n’importe quel moment plus disposé au dialogue.
Deuxièmement, être seul nous rend de fait beaucoup plus accessible aux autres.
Il suffit d’imaginer nos deux amis plongés dans une discussion et parlant dans leur langue natale. Il sera beaucoup plus difficile de les aborder qu’une personne seule.
Troisièmement, juger et avoir des préjugés est une mauvaise habitude qui tend à disparaître lorsque l’on est seul. Si l’on trouve différentes les personnes qui nous entoure, on est le seul face à ça.
Seul on est toujours en minorité. On ne peut pas se permettre de critiquer, c’est à nous de s’adapter, car la différence c’est nous.
C’est pourquoi le voyage seul est une expérience plus profonde et plus enrichissante. Elle nous pousse à ouvrir notre esprit, comprendre et parfois changer d’avis.
On partage du vécu avec les personnes que l’on rencontre. Ce n’est pas simplement un voyage en spectateur.
Du coup, je m’attache beaucoup aux personnes que je croise sur ma route.
2 – Voyager seul vous force à apprendre une langue
Du fait de vos de nouvelles rencontres avec des locaux ou autres voyageurs et parce que vous n’avez pas de partenaire de voyage, vous ne passerai pas la moitié de votre temps à parler votre langue natale. C’est bon pour votre anglais ou apprendre la langue local.
Pour moi, cela a été une motivation énorme pour progresser en anglais de me dire que je le faisais pour pouvoir communiquer et garder des liens avec mes amis rencontrés en voyage.
Mais voyager seul ne permet pas seulement de faire beaucoup de rencontres et d’en profiter pour pratiquer une langue, c’est aussi un moyen de s’imprégner complètement d’une culture.
On va pouvoir s’ouvrir à tout ce que l’on ne connaît pas.
3 – Seul c’est l’occasion de s’ouvrir à l’inconnu et l’inattendu
Être seul en terrain inconnu peut faire peur à certains, mais cela représente l’essence même du voyage. Vous êtes là pour découvrir, une culture, des personnes et de nouveaux paysages.
L’inattendu c’est ce pourquoi vous vous sentez vivant. À quoi vous servirez de passer votre vie à répéter les mêmes moments ?
Seul, vous vous laissez plus de possibilités de rencontrer l’inattendu et de le vivre. Vous êtes libre de changer tout vos plans d’une minute à l’autre ou simplement choisir de ne rien prévoir car vous ne dépendez de personne.
Accepter l’imprévu c’est le meilleur moyen de vivre des moments uniques, de partager de nouvelles cultures et de découvrir des endroits vraiment magiques. Vous pouvez en profiter pour vous essayer à d’autres concept de vie et en faire complètement part. En bref, laissez vous inspirer.
Si toutefois l’inattendu peut vous paraître étrange ou inconfortable, rappelez vous que l’accepter et le vivre c’est appendre à s’adapter en toutes situations.
Le voyage seul est aussi bien extérieur qu’intérieur. En nous retrouvant seul dans des situations inhabituels, nous apprenons aussi à nous découvrir nous-mêmes.
4 – Seul on ce découvre aussi soi-même
Lorsque l’on voyage seul, on se donne la possibilité d’apprendre à se connaître.
On découvre ses capacités comme ses limites, ses points forts et ses points faibles.
Le voyage seul est l’occasion de chercher à repousser ses limites, de toujours aller plus loin.
On peut le voir sous la forme d’un challenge personnel, pour se prouver que l’on en est capable.
Les responsabilités que l’on a à assumer seul développent forcement notre autonomie, permettent de gagner en confiance en nous et de devenir de plus en plus débrouillard.
Finalement le voyage seul est une émancipation qui nous apprend à grandir.
A cette étape du voyage où l’on réalise que l’on change parce qu’on comprend certaines choses, on commence à prendre du recule sur sa façon de voir la vie.
5 – Le voyage seul vous donne la possibilité de prendre du recule
Voyager seul nous laisse le temps de se retrouver face à nous-mêmes et de prendre du recule pour se poser les vraies questions.
Lorsque je suis partie seule, j’ai pu me demander :
- Qu’est ce qui a le plus d’importance ?
- Qu’es qui nous rend heureux ?
Parce que l’on est seul et loin, le voyage nous fait ressentir ce qui nous manque et qui a le plus de valeur. S’en rendre compte est important et peut représenter un réel tournant au cours d’une vie.
Une chose dont je me suis rendu compte lors de mon premier grand voyage, c’est que seule, toutes mes émotions semblaient se décupler. Je ressentais tout en beaucoup plus fort : si je doutais, si j’avais peur, si j’étais troublée, émerveillée ou heureuse. C’était une expérience vraiment intense.
Dans ces moments, on peut se rendre compte de la chance que l’on a ou de la superficialité de certains éléments de la vie.
J’ai pu m’apercevoir du bonheur que l’on trouve dans chaque rencontre ou moment tout simple.
Évaluer les choses avec un autre regard est possible en voyageant seul, car on s’échappe du quotidien. Le recule que l’on prend pour cela est une première forme de liberté.
6- Voyager seul c’est goûter à la liberté
Choisir de quitter ma zone de confort et prendre le risque de partir seule, cela a été pour moi me libérer de ma ceinture de sécurité qui me maintenait sur place.
Je me suis détachée pour sentir ce que cela faisait d’être libre, de ne dépendre de personne et d’être indépendante.
C’était une façon de m’extraire du « petit monde », que représentait mon quotidien (mes proches, ma culture, mes habitudes, mes projets en cours…) afin de ne pas en être influencée. Le recule de cette extraction me permettait de faire mes propres choix.
Je m’étais rendu compte que la liberté c’était de pouvoir choisir, mais que pour en être capable j’avais besoin d’élargir mon esprit par de nouvelles expériences. Choisir de faire comme les autres en pensant que c’était une bonne décision parce que tout le monde le fessait, j’ai compris que ce n’était pas un vrai choix.
Je voulais pouvoir décider librement de mon itinéraire et voir où me mènerai cette expérience. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à faire mon premier long voyage en camion autour de l’Europe toute seule.
Mais quitter la routine pour goûter à la liberté, c’est ne plus jamais vouloir y renoncer.
J’ai pu me rendre compte de l’intensité de vivre au jour le jour les folies du voyage, sans se préoccuper de connaître l’histoire du lendemain.
Comme le dit Oscar Wilde : « Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais. »
Ma définition de ma liberté maintenant c’est de prendre le risque de vivre à la hauteur de mes rêves.
Si j’ai à choisir un itinéraire, ce sera celui qui m’y conduira, peu importe s’il est escarpé, plus risqué ou long. Je ne choisirais pas le large et stable chemin de la sécurité que beaucoup d’autres empruntent uniquement parce qu’il est indiqué et fléché.
décidèment, je partage complètement ton point de vue! c’est exactement pour ça que je veux partir seule aussi!
Bravo Maryse, pour ma part, je pars seule en Asie du sud est cet hiver, pendant 3 mois. J’ai 50 ans et vraisemblablement moins de facilité que ta génération (et surtout que toi ;-)) à me lier. Mais voyager seule est une belle expérience pour comprendre ses limites et s’ouvrir aux autres. Belle philosophie du voyage que tu as !
Merci beaucoup 🙂
Je te souhaite de très belles aventures en Asie du sud.
Maryse, tu es super !
Je me suis lancée à 62 ans pour partir seule à New York en 2011, mais en ayant choisi de résider chez l’habitant. Ainsi j’ai pu obtenir beaucoup renseignements pratiques et une aide précieuse de la part de mon hôtesse avec qui je conserve des liens amicaux. Je suis d’ailleurs retournée en 2013.
Il est vrai que l’on découvre davantage le pays d’accueil et ses habitants : on n’est pas pris dans une conversation qui détourne notre attention et l’on peut faire des rencontres.
Je crois que maintenant je vais préférer partir seule, mais chez l’habitant (prudence et soutien !), pourtant j’ai une très chère amie d’enfance qui partage tous mes goûts et avec qui je pars souvent.
J’aimerais bien connaitre le site de Dominique pour trouver des nouvelles de son périple, je pourrais peut-être l’envisager moi-aussi.
Quel plaisir de communiquer avec vous sur ce forum ! Merci de nous faire partager vos expériences.
Denise
Merci beaucoup pour ce message.
Oui j’ai résidé moi aussi de temps en temps chez l’habitant via http://www.couchsurfing.org et c’est vrai que c’est une expérience formidable.
On rencontre des gens super. 🙂
Ce site n’est pas un forum c’est tout simplement mon blog de voyage. Je ne sais pas si Dominique a un site web, mais je peux essayer de lui envoyer un mail pour lui demander si elle est d’accort que je vous mette en contact.
Maryse